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Morosité à l'école.

11 Avril 2016

Même constat lors du concours d’entrée à l’Institut de la Jeunesse et des Sports, essentiellement dans la filière des Sciences et Techniques de l’Activité Physique et Sportive qui forme les enseignants d’Education Physique et Sportive.

Les métiers de l’enseignement restent attractifs…  Et pourtant un mal sourd mais réel mine notre école ! Un cancer qui semble se propagé sans qu’on ait la moindre idée de comment l’arrêter.

Prenez le temps de jeter un coup d’œil dans les cahiers de cours de nos élèves ! Avec moi vous ferez le constat amer d’un délitement des savoirs-enseignés et cela du primaire jusqu’au secondaire. Je n’ose rien dire concernant le supérieur...

Comment comprendre que le minimum attendu en termes de contenu n’est pas dispensé ? Et que dire de l’évaluation, dispositif de contrôle de l’assimilation des différents savoirs ? Combien en faut-il et de quels types pour oser porter un jugement sur la qualité du travail d’un apprenant ? Tout enseignant sait quoi répondre à ces problématiques, et pourtant…

La grève mille fois justifiée et maintes fois reconnue comme légitime par l’ensemble de la communauté éducative justifie-t-elle ce qui s’apparente à un laisser-aller généralisé ? La grève n’est elle pas finalement l’arbre qui cache la forêt ? Mais quelle forêt ? Forêt de mauvaises habitudes, de perte de repères pour ne pas dire d’identité du corps enseignant, du moins pour l’immense majorité d’entre eux. Pourquoi alors choisir l’enseignement ?

Nous n’oserons pas cracher sur les quelques avancées liées au corporatisme au sein de l’éducation national. Ce serait faire injure à plusieurs collègues que de refuser d’admettre que la pression des syndicats a souvent été le déclic d’un bon nombre de situations restées figées des décennies entières.

Et pourtant il nous faut nous interroger sur les dégâts collatéraux perpétrés très souvent par des non-syndiqués qui profitant de la vacance générale vague à des occupations plus ou moins douteuses refusant d’assurer le nécessaire service minimum. Combien parmi la centaine qui crie au blocage, oui, combien peuvent exhiber une carte d’adhérent, mieux justifier du paiement régulier de ses cotisations ? En période de grève, tous les enseignants sont syndiqués. Comment on dit « la nuit tous les chats sont gris ».

Vous constaterez avec moi qu’aucune mesure prise sur le plan administratif (coupure de salaire, paiement par bons de caisse, non participations aux jurys d’examens de fin d’année…) n’a jusqu’à présent inversé durablement la tendance.

La responsabilité des chefs d’établissement est nécessairement engagée. Ils ont la lourde responsabilité de conduire des équipes pédagogiques et de fixer le cap ; encore faut-il que leur autorité soit bien établie. Beaucoup n’ont d’autres choix que de se calfeutrer  derrière leur bureau n’osant pas « affronter » les collègues. Dans l’enseignement « chacun sait qui est qui !» Et cela impacte nécessairement le leadership pédagogique du « manager de l’entreprise école ».

Mais on peut aller chercher plus haut…

Dans quelle société humaine la performance est-elle au rendez-vous sans qu’il n’y ait contrôle des procédures, évaluations des dispositifs, renforcement des compétences et j’en passe ? Dans aucune, vous en conviendrez.

Le discours politique actuel, renforcé par une conjoncture économique morose en ces temps de baisse mondiale du prix du pétrole, assène qu’il nous faut faire des économies à tout prix. Les budgets sont revus à la baisse quand ils ne sont pas simplement asséchés et donc réorientés.

L’Inspection pédagogique nous semble être le talon d’Achille du système éducatif gabonais. C’est pourtant la manette à actionner si nous voulons commencer à remonter la pente. La connaissance pointue de chaque maillon de la chaîne éducative est le seul antidote au laxisme ambiant. La mise en place de procédures claires et partagées pour renseigner qualitativement et quantitativement la tutelle est le seul gage d’un pilotage qui à coup sûr finira par porter ses fruits. Et pourtant qu’observe-t-on ? Les dispositions du Décret N°378/ PR / MFPRAME du 26 mai 2000 portant création, attributions, organisation et fonctionnement des Inspections Générales des Services de ministère, restent trop générales et ne répondent donc pas aux exigences du métier d’une Inspection Pédagogique au sein d’un ministère aussi technique que celui de l’Education Nationale. La nécessité de distinguer l’Inspection Pédagogique et l’Inspection des Services demeure et ce aussi concernant les diverses ressources de leur fonctionnement.

 

Le corps des Inspecteurs pédagogiques gagnerait à être mis à contribution dans ce qui participe de sa principale raison d’être : le contrôle et l’évaluation mais aussi l’animation pédagogique et la formation, tremplin pour la mise en œuvre d’une politique éducative cohérente et efficiente.

Les actions majeures à mener et les moyens humains, financiers et matériels pour y parvenir doivent avoir un impact direct sur la classe (pratiques pédagogiques, environnement scolaire, outils d’apprentissage…)

Notre  population scolaire n’est pas très importante ; ce qui à première vue semble être un handicap peut s’avérer être un atout. Si le temps jour contre nous pour notre positionnement sur le plan régional et international, des décisions politiques allant dans le sens de prioriser l’action directe au bénéfice de l’élève et de l’enseignant peuvent, en moins de cinq qu’années scolaires renverser la tendance actuelle et dans moins d’une décennie nous positionner le système éducatif gabonais parmi les plus enviables du continent.

Morosité dans le milieu éducatif gabonais. En sortir, c’est possible ! A condition que chacun joue sa partition.

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